Dans les salles obscures

Durant le trajet, les deux jeunes gens n'avaient cessé de discuter de tout et de rien, laissant parfois un court silence s'immiscer entre eux. Les passants les dévisageaient curieusement en les entendant se vouvoyer et deviser tels des bourgeois de la haute société. La jeune fille se retenait de rire en apercevant leurs visages ébahis avec leurs yeux grands comme des soucoupes. Devant le cinéma, une foule épaisse observaient les affiches avant d'acheter leurs tickets à des caissières, pressées de pouvoir terminer leur dure journée de labeur. Une rumeur sourde régnait en ce lieu, mélange incongrue de conversations et de rires, augmentant quelquefois. Les films proposés étaient aussi nombreux que les personnes agglutinnées devant.
Misako s'y approcha, tirant légèrement son ami par le bras pour ne pas le perdre parmi la foule. Il ne manquerait plus que çà ! Horreur, aventure, action, dessins animés, productions en tout genre... Tout les styles d' oeuvres cinématographiques possibles et inamaginables étaient présents. La dernière fois, la jeune fille s'était contenté d'un film d'horreur classique, avec tueur sanguinaire, hémoglobine et cadavres à gogo... Rien de bien original, juste bon à se divertir. Cette fois-ci, elle voulait quelque chose de différent. Une chose était sûre : pas de récit à l'eau de rose... C'était ennuyeux et lourd, une sorte de guimauve écoeurante et trop sucrée. Elle n'hésita pas à en faire la remarque à Shikao.

"On peut voir ce que tu veux, sauf des histoires à l'eau de rose ou des dessins animés pour marmots attardés."

Ils avaient mit peu de temps avant d'arriver devant le cinéma, le pensionnat ne se trouvait vraiment pas loin de la ville, cela permettait surtout aux pensionnaires de pouvoir se divertir. Car en y regardant bien là bas c'était plutôt ennuyeux et sans interêt, il n'y avait rien de bien à faire de sa journée.
Pourtant bien assez de temps que pour discuter un peu tous les deux, laissant sur leur passage quelques regards stupéfaits, quelques personnes curieuses qui ne comprenaient rien à leur façon de discuter et qui ne se rendaient même pas compte que, quand ils passaient devant eux, ils finissaient par se retourner. Peut-être un peu dangereux de se déplacer sans regarder devant soit dans une rue bondée.
Tout ça Suga l'avait bien comprit, il avait quand même pû se rendre compte de cette partie de la personnalité de Misako. Il ne la voyait vraiment pas dans une salle de cinéma devant un film niais, ou même de genre enfantin. Au fait, il ne trouvait pas qu'elle était si difficile à cerner, une fois qu'on avait un peu réussit à la comprendre c'était beaucoup plus facile.
Il se laissa tirer au milieu de la foule par la jeune fille pour ensuite entendre ses recommandations.

"Tu me voyais bien devant un film d'amour ou un dessin-animé?"

Il eu une sourire amusé et se tourna vers les affiches, qu'allaient-ils voir? Il hésitait un peu sur le choix du film. Il porta sa main jusqu'à son menton, prenant une pose, celle du type qui se concentre pour réfléchir.

"Un petit film d'action suffirait-il à mademoiselle? Pour changer un peu de toutes ces effusions de sang sans réel motif..."

Il venait de se tourner dans sa direction, affichant un sourire plutôt charmeur à Misako. Il pensait souvent qu'il avait peut-être un air ridicule dans ses mines trop expressives. Qu'importe si ça avait le don de faire rire certaines personnes, c'était suffisant.

Un film d'action ? Voilà un choix intéressant. Celà changerait du film d'horreur, aperçu quelques jours plus tôt. Elle acquiesça silencieusement avec un léger sourire, avant de se diriger vers la caisse tenue par une femme pressée de finir sa journée de travail. La jeune fille compatissait pour cette employée obligée de supporter l'humeur fracassante de certains clients, tout en gardant un sourire hypocrite. Mécaniquement, elle échangea l'argent contre les billets délivrant le passage jusqu'à la salle. Cette fois-ci, Misako ne se paya aucune sucrerie, le gateau au chocolat avait suffi à calmer sa gourmandise.
Arrivés à la salle, encore à peine emplie de spectacteurs, les deux jeunes gens s'installèrent sur leurs sièges. La jeune fille cala son dos, de façon à pouvoir profiter du film le plus confortablement possible. La plupart des occupants de la salle étaient des adolescents de leur âge. Heureusement pour Misako qui ne supportait d'entendre des gamins brailler durant des heures. Elle se tourna vers Shikao, avec un petit sourire.

"Merci d'avoir payé le ciné."

Ils passèrent devant la caissière à la mine fatiguée et lasse, leurs billets en main ils purent rentrer dans la salle afin de profiter d'un bon film. Enfin, il espèrait que le film serait bien et pas trop ennuyeux. Il n'avait pas regardé la durée mais bon après tout ils avaient tout leur temps dans ce pensionnat. A moins que la jeune fille n'ai pas envie de gâcher son temps au côté de Suga, et il n'en avait que faire parce qu'il n'était pas là pour passer du bon temps, mais parce qu'il était considéré différement des autres. Mais bon, il aimait quand même avoir quelque chose à faire et ne pas rester à ne rien faire. C'était pourquoi il avait décidé de se proposer pour le groupe mais pour le moment tout ça n'était pas très concret.
Il s'assit sur le siège juste à côté de la jeune fille, elle s'installa comfortablement dans le fond de celui-ci et il en fit pareil. Ensuite elle le remercia pour avoir payé les places, elle avait un léger sourire. Il s'en étonnait toujours car à première vue elle semblait tellement distante et froide alors qu'elle pouvait parfois avoir l'air tellement...Non, c'est vrai, on distinguait toujours ce côté distant parce qu'elle ne se laissait pas sourire en grand mais ce fin sourire avait déjà l'air sincère.
Il fit un petit signe de la tête dans sa direction, n'oubliant pas de lui adresser un sourire ravi.

"Ce fut avec plaisir..."

Il y avait tout d'abord un peu de musique dépassée depuis longtemps dans la salle puis les bandes annonces comme à chaque séance commencèrent. Suga se recula un peu plus dans le fond de son siège pour être placé le mieux possible, il voulait profiter du film. Mais aussi un peu de la présence de cette jeune fille, car après tout passer un peu de temps en sa compagnie n'était pas dérangeant. Il chuchotta en direction de Misako.

"Espérons que le film ne soit pas un navet au moins."

"Espérons que le film ne soit pas un navet au moins."

"Si c'est le cas, je demande à ce qu'on me rembourse."

La jeune fille émit un léger rire, avant de reporter son attention sur l'écran. Les multiples bandes-annonces défilaient sans temps mort, les unes après les autres. Misako engrengeait les images et les sons comme un assoiffé se délecterait d'eau. Chaque instant passé hors de chez elle, lui permettait d'en apprendre sur le monde qui l'entourait, et lui faisait prendre conscience des lacunes qu'elle possédait. Elle était comme une gamine lâchée dans un univers inconnu.
Le film débuta enfin, au grand soulagement des spectacteurs qui n'attendaient que celà. La trame de l'histoire reprenait des élèments classiques, tout en les rénovant. Les scènes pures d'actions supllantaient les rares scènes de couples, présentes dans chaque film pour combler les envies des jeunes filles en mal d'amour.
Au milieu d'un passage assez calme, Misako se pencha vers Shikao.

"Ben, tu vois. Ce n'est pas si nul que çà."

Ce que venait de dire la jeune fille fit un peu rire Suga, il l'imaginait bien se plaindre pour un film déçavant avec un air dangereux. Il s'ennuyait un peu avec ces bandes annonces, il n'avait jamais aimé ça mais ça laissait le temps au spectateur de bien se mettre dans l'ambiance pour regarder le film. Le film, pour ce qu'il en voyait à présent, n'était pas mauvais et il appréciait assez les scènes qui étaient bien tournées d'après lui. Et le scénario était bien imaginé.
Il la sentit approché pour qu'il puisse l'entendre, dans un moment où ils n'avaient pas besoin de beaucoup d'attention. Ses lèvres s'étirèrent un peu en un léger sourire.

"Pas mal c'est vrai...Mais y a mieux..."

Quelques mèches passaient doucement sur son visage lorsqu'il bougeait. Dans cette quasi obscurité où seules les images défilant sur l'écran éclairaient vraiment leurs visages, on ne distinguait pas vraiment son sourire. Doucement il frôla la main de la jeune fille du bout des doigts avant de la prendre dans la sienne, enlacant automatiquement leurs doigts. C'était peut-être la réaction que la jeune fille allait avoir qui l'amusait le plus, il avait toujours un côté assez étrange dans tout ce qu'il faisait, peut-être à cause du sourire qu'il avait souvent.
A son tour il se pencha vers elle, profitant d'un autre moment plus calme du film.

"Si cette douce demoiselle me le permet..."

Citation :: Désolé pour le retard.

La jeune fille n'avait rien laissé paraître quand Shikao lui prit la main. Après tout, qui avait-il de mal à çà ? Misako était bien loin de toutes ces filles prêtes à tomber dans les pommes, rien qu'à l'idée de s'adresser à un membre de la gente masculine. Elle n'avait pas peur de fréquenter des garçons de son âge, même si elle était encore loin de créer des liens amicaux. Parler poliment aux autres sans les rabaisser était déjà un exploit chez elle.

"Si cette douce demoiselle me le permet..."

La jeune fille fit semblant de réfléchir. Devait-elle se laisser tenter ou non, briser sa carapace de glace ? Jouer les prudes n'était pas son point fort. Elle reporta son attention sur le film, comme si rien ne s'était passé. Malgré elle, Misako voulut faire se faire désirer comme n'importe quelle fille de son âge. Profitant d'une scène peu intéressante, elle se pencha vers Shikao et déposa un rapide baiser sur ses lèvres, avant d'esquisser une mimique de gamine en levant l'index.

"Ce sera tout pour le moment."

Le film se termina au même instant. Les lumières éblouissantes se rallumèrent mettant fin à la magie du cinéma. Les spectacteurs sortirent de la salle dans un brouhaha résonnant dans la salle, allant chacun de leurs commentaires. Misako se leva, sans pour autnt lâcher la main du Shikao qu'elle tenait encore inconsciemment.

"Il doit être tard maintenant."

( J'ai pas le droit de t'en vouloir, chacun son tour ^^' )

Suga avait apprit de cette jeune fille qu'elle était loin de se laisser influencer, qu'elle n'était pas comme les autres filles de son âge et qu'elle ne se serait jamais laisser faire s'en protester si elle n'en avait pas eu envie au fond. Et puis il n'avait fait que lui prendre la main, les régles de leur jeu se construisaient peu à peu, ne pas presser les choses et toujours rester poli et respectueux avec elle. Garder ce ton sérieux et rester distant. C'était comme ça qu'il serait avec elle, sachant que tout comme lui son passé avait fassoné son caractère de telle manière.
Et pourtant il ne se serait pas attendu à ce qui venait de se passer. Pas venant d'elle toutefois. Aucune expression de surprise ne se lu sur son visage, jamais d'ailleurs car c'était comme ça qu'il était, il n'esquissa qu'un fin sourire dans sa direction avant que les lumières ne s'allument dans toute la salle. D'un coup, l'ambiance changea et le silence qui reignait durant le film se transforma en une rumeur sourde pendant que toutes les personnes présentes sortaient.
Misako se leva à son tour sans pour autant lâcher sa main et il fit de même. Après ce temps passé dans la pénombre il plissait légèrement les yeux au début. Il la suivit entre les deux rangées de siège pour enfin se diriger vers la sortie, sa main un peu plus petite qu'il tenait toujours dans la sienne. Une fois sortis, ils s'arrêtèrent et il prit la parole.

"C'est vrai, il est tard maintenant."

Ils se mirent en marche, direction le pensionnat, leur foyer actuel. D'une main il tenait la sienne et ne l'avait toujours pas lâchée, l'autre était glissée dans la poche de son jean et il ne faisait que regarder droit devant lui. Sur le chemin, il tourna légèrement le visage vers elle et sourit doucement, toujours ce sourire calme qui ne changeait pas.

"Je vais vous raccompagner jusqu'à votre chambre et ensuite, je retournerai à la mienne."

Il n'avait aucune idée de l'heure, il ne s'en préoccupait plus depuis quelques temps. Les journées se déroulaient toujours pareilles, mais ici au pensionnat ça changeait un peu, il avait plus le choix de faire ce qu'il désirait.

~> Dortoirs.

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